Une fusillade s’est déroulée dans la nuit du 18 au 19 février dernier à proximité du Bowling Crosly sur le Boulevard de l’Empereur. Certains témoins rapporte qu’un ambulance du SIAMU qui passait dans les environs ne seraient pas intervenue. J’étais interpellé sur cet incident en Commission des Affaires intérieures. Ce fut l’occasion de faire le point sur ce qui s’est réellement produit ce soir-là et sur les conditions dans lesquels doivent intervenir les ambulanciers.

Sur le plan des principes, j’ai rappelé que les membres du personnel du SIAMU se retrouvant inopinément sur les lieux d’un incident ont l’obligation de porter secours à la victime, et ce dans les limites posées par la loi. Sur la question particulière d’une intervention pour agression par arme à feu ou arme blanche, la procédure (établie par des notes de services) veut que nos sapeurs-pompiers attendent le feu vert de la police et n’interviennent donc pas tant que la zone d’intervention n’a pas été sécurisée, donc seulement si le ou les agresseurs ont été neutralisés ou sont en fuite. Un sauveteur blessé ou mort ne sert plus à rien.
Ces principes valent également lorsqu’un sapeur-pompier n’est pas de service et se trouve sans équipement de protection ni matériel d’intervention. Dans ces circonstances, il doit, pour autant qu’il ne mette pas sa vie, son intégrité ou sa santé en danger, appeler du renfort médical ou technique et porter assistance à la victime.

Ces considérations de principe posée, il convient d’examiner avec le plus de précisions possibles les circonstances de l’incident du 18 février telles qu’elles ont été établies par l’enquête interne diligentée par la direction du SIAMU.

Premièrement, il convient de noter que l’ambulance du SIAMU qui se trouvait dans le quartier du Bowling Crosly a été hélée alors qu’elle attendait au feu rouge du carrefour Bd de l’Empereur-Rue Haute. L’équipe d’ambulanciers revenait d’une intervention après avoir déposé un patient à l’Hôpital St-Pierre et rentrait à son poste situé dans la Clinique César de Paepe située 200 mètres plus loin, dans le bas de la rue des Alexiens.
Les ambulanciers sont formels sur le fait que les passants leur ont signalé que des coups de feux avaient éclaté « quelque part dans le quartier », sans préciser à quel endroit ni dans quelle direction. Ces passants n’ont d’ailleurs, de ce fait, pas pu préciser s’il y avait ou non des blessés.

Les ambulanciers ont demandé à ces passants des précisions et, sans obtenir de réponses, leur ont donc répondu qu’ils ne pouvaient intervenir sans adresse exacte ou au minimum sans indication d’un endroit approximatif où se rendre. On notera donc que l’ambulance s’est bel et bien arrêtée, contrairement à ce que j’ai pu lire parfois. En outre, les ambulanciers étaient à quelques centaines de mètres du poste César De Paepe : il leur était donc commode de vérifier très rapidement si une alerte avait été donnée à la Centrale – ce qui était en effet le cas. J’ajoute enfin qu’à ce moment, aucun blessé n’est visible depuis le lieu où l’ambulance est interpellée. La demande d’intervention, telle qu’elle est formulée à ce moment, relève donc de la police et non du SIAMU.

Sur les différentes données chronologiques, l’enquête interne fait apparaître les chiffres suivants :
– 01:47:50 : alerte de la Centrale 112, par un particulier : la demande de secours est formulée pour la rue de l’Escalier, face au n° 38 à 1000 Bruxelles ; la police de Bruxelles est prévenue par le C112 quelques secondes après ;
– 01 :51 :00 : alerte du poste César De Paepe ;
– 01 :53:00 : l’ambulance en question est hélée par les passants ;
– 01 :53 :45 : départ de l’autre ambulance. L’ambulance hélée et l’ambulance alertée se croisent à ce moment.
On note donc qu’il ne s’est écoulé que 45 secondes entre la rencontre avec les passants et la mise en alerte de notre autre véhicule ambulance. À son arrivée, l’ambulance alertée a découvert 3 blessés par balles : 2 d’entre eux se trouvant dans la rue de l’Escalier et un autre derrière des voitures en stationnement dans le Bd de l’Empereur à plus de 40 mètres du coin de la rue de l’Escalier, en direction de la Gare Centrale.

La localisation des victimes nous a été confirmée par les autres ambulanciers intervenus ainsi que par le médecin du SMUR de l’Hôpital St Pierre. D’après ce dernier, également interrogé lors de l’enquête interne faite par le SIAMU, il aurait été impossible tant pour les passants que pour les ambulanciers d’apercevoir quoi que ce soit depuis le feu rouge du carrefour rue Haute/Bd de l’Empereur, à hauteur du Bowling « Crosly ». Vu le nombre de victimes et la gravité de leurs blessures, la première ambulance alertée a directement demandé le renfort médicalisé du SMUR de l’Hôpital St Pierre et de 3 autres ambulances des pompiers de Bruxelles. Les patients ont été stabilisés médicalement avant leur transport vers respectivement l’Hôpital St Pierre, la Clinique St Jean et l’hôpital Erasme. Cette agression aura donc demandé l’intervention de 4 ambulances de notre Service et 1 SMUR de l’Hôpital St Pierre, comprenant 9 ambulanciers de notre Service, 1 médecin et 1 infirmier de l’Hôpital St Pierre.

Enfin, on notera aussi qu’entre l’arrivée sur place de la 1ère ambulance et le départ du dernier patient, il ne s’est écoulé que 33 minutes pour prendre en charge sur place les 3 blessés graves et assister 1 personne impliquée.

De manière plus générale, il faut savoir que les ambulanciers sont formés aux interventions sur des scènes de crimes, mais seulement une fois que les violences ont cessé, par exemple afin de préserver les éventuelles preuves. En revanche, des instructions claires existent, selon lesquelles les ambulanciers ont l’obligation de n’intervenir que lorsque les lieux sont sécurisés.

Enfin, si un véhicule de secours se rendant sur les lieux d’une intervention rencontre un accident durant une mission urgente déjà en cours, il communique l’urgence par radio à la centrale d’appel 112 de Bruxelles qui envoie un autre secours et poursuit sa route.