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J’ai participé aujourd’hui au colloque organisé par l’asbl Attractions et Musées. Ce colloque est consacré à la place du secteur des attractions touristiques et musées qui représente un poids certain dans l’économie touristique de la Wallonie et de Bruxelles. Ce secteur cumule pas moins de 13 millions de visiteurs par an pour un chiffre d’affaires de plus de 100 millions d’euros. Très diversifié, il est constitué d’entreprises privées, d’associations sans but lucratif et d’entreprises publiques et occupe environ 4.000 travailleurs.

Ce colloque tombe au moment opportun puisque ce secteur traverse une période charnière. Aujourd’hui, une ville peut être considérée comme une attraction touristique à part entière et ce phénomène est nouveau. Les visiteurs choisissent désormais une ville de destination comme on choisit d’aller à Walibi ou aux grottes de Han. Ce choix repose sur la recherche d’une expérience globale – qui forme un tout – comme le montre le nombre élevé de motivations d’y aller
Par exemple pour Bruxelles (données du baromètre qualité – VisitBrussels) :

– 46% viennent pour le patrimoine UNESCO
–  36% pour l’architecture, l’Art Nouveau
–  34% pour se promener
–  34% pour la gastronomie (même avant 2012, année Brusselicious)
–  33% pour visiter les musées et 16% pour le musée Magritte et le Surréalisme
–  25% pour le shopping (mais 60% des visiteurs s’y adonnent)

Les city trips ont connu un succès croissant ces dernières années où entre 2007 et 2011, les nuitées dans une centaine de villes européennes ont progressé de 8.2% alors que les nuitées dans l’ensemble des pays européens ont, elles, crû de 3.6% durant la même période (sources ECM et Eurostat). Il s’agit donc d’une véritable opportunité pour notre Région. A Bruxelles, cette tendance est de +17% (entre 2007 et 2011) alors que l’ensemble de la Belgique croissait de 5.1% (source : DGSIE).
Il est donc bien évident que le développement du city trip dope actuellement notre secteur du tourisme.

Il est aussi évident que les marques « pays » régressent au profit des marques « villes ». Pour résumé cela on peut  dire : « Avant on allait 15 jours en Espagne, maintenant on va 3 jours à Barcelone ».
 
Dès mon entrée en fonction comme ministre bruxellois du tourisme, j’ai insisté pour que Bruxelles se présente comme la capitale de 500 millions de citoyens européens.
 
Nous avons pris diverses initiatives pour que cette formule se transforme en réalité et aujourd’hui je suis fier de dire que c’est l’une des trois priorités de développement choisie par VisitBrussels (+ power cities, offre culturelle).
 
Quant au tourisme professionnel (qui génère légèrement plus de nuitées que le tourisme de loisirs à Bruxelles), si il représente une chance pour la capitale, il est également une grande opportunité pour le tourisme de loisirs : les businessmen/women n’ont en grande majorité pas le choix de leur destination. C’est leur employeur, leur client ou leur association (pour les congrès) qui décide du lieu où ils doivent se rendre. Nous devons alors saisir cette chance et intéresser ces visiteurs à la capitale et à ses attraits pour les faire rester plus longtemps ou les faire revenir pour qu’ils aient l’occasion de découvrir et de visiter la ville.
 
En plus, la distinction loisirs/professionnel a tendance à s’évanouir vers le « bleisure » (contraction de business et loisirs en anglais): de plus en plus mobiles, les gens ont tendance à travailler durant leurs vacances ou combiner de l’agrément à leurs voyages professionnels.
L’adaptation de notre offre de ville mais aussi par conséquences des attractions touristiques et musées aux évolutions démographiques et de consommation sera évidemment un des défis à relever. Ce défi nous devrons le relever ensemble.
 
La crise économique que nous traversons actuellement a bien évidemment modifié le comportement de la clientèle belge et étrangère, qui est plus prudente quant aux dépenses pour des besoins « tertiaires » dont le tourisme fait partie. Cette réaction se voit tant dans le nombre d’excursions (avec billet d’entrée) que dans les achats connexes (restaurant, boutique souvenir,…).
 
J’ai également à de nombreuses reprises insisté sur le fait que la relance se fera d’abord sur le marché intérieur belge. et je pousse toute initiative qui développe ce tourisme intra belge.
 
Au niveau européen , je souscris pleinement à la revendication du secteur pour que l’Europe favorise absolument la consommation intérieure !
 
S’il est important de se positionner dans un contexte global et mondialisé, il ne faut pas oublier notre marché intérieur européen qui est notre marché prioritaire. Il faut ainsi tenter non pas d’exacerber la concurrence entre états mais bien de faciliter et d’augmenter les excursions pour nos citoyens : mobilité, coût des transports, meilleure coordination et communication entre l’enseignement et le monde touristique et culturel.

Les chantiers de développement pour notre région ou le secteur des attractions et musées sont énormes et les choix seront difficiles à faire.

Notons entre autres, comme priorités, celles de l’augmentation croissante du public des mediors dont nous devons répondre aux attentes, l’amélioration notoire de l’accessibilité touristique aux PMR, le développement de programme de suivi du niveau de la consommation énergétique et le niveau de l’empreinte écologique du secteur (fort dépendant aux déplacements) et la révolution en cours dans le secteur des Technologies de l’Information et de la Communication, sans oublier l’accès aux loisirs au plus bas revenus.

Pour cela, je plaide pour le renforcement de l’Observatoire du tourisme bruxellois au sein de VisitBrussels pour qu’il soit un outil de suivi statistique du secteur, mais aussi qu’il puisse également à terme devenir un outil de prévision et d’aide à la décision pour l’ensemble du secteur. A cette fin, il sera néanmoins utile d’harmoniser les définitions et d’utiliser un socle commun d’analyse afin d’avoir un véritable outil comparatif à l’échelle européenne.
 
Ce travail nous devons le faire ensemble dès aujourd’hui et ce, pour que demain notre secteur du tourisme sorte renforcé de cette période d’incertitudes et de changements rapides. Je crois qu’ensemble nous pouvons transformer ces peurs en opportunités dans un secteur qui montre chaque jours son importance dans le développement économique futur de la Région bruxelloise.