J’ai été invité par l’asbl Le Troisième Œil, qui accompagne des personnes déficientes visuelles, à visiter ses locaux, rencontrer ses nombreux bénévoles et stagiaires et surtout à échanger avec ses usagers, tous mal- ou non-voyants, de tous âges et de toutes origines. Un moment mémorable !
Lors de cette visite, j’ai eu le plaisir de répondre aux questions des usagers qui ont joué le rôle de journalistes pour leur Web Radio. Créé à la demande des usagers cet espace de parole leur permet de s’exprimer en pleine liberté sur leurs expériences de vie, toutes très touchantes.
En plus des inoubliables rencontres et échanges, j’ai découvert le panel de matériel spécifique utilisé : barette braille, macroformage (impression de documents en reliefs), logiciels informatiques adaptés aux différentes formes de handicap (depuis la loupe jusqu’à la lecture vocale de documents).
J’ai également été mis en situation d’un aveugle qui doit se débrouiller dans la cuisine…dans le noir total ! Et bien ce n’est pas simple. Imaginez que vous devez trier vos déchets dans trois poubelles différentes sans voir ni les objets à jeter ni la couleur des sacs… Je vous invite à tester.
Ces expériences et mises en situation que j’ai pu vivre, au-delà de leur aspect ludique, m’ont permis de me rendre compte que lorsque nous, les politiques, prenons des décisions, nous devons les prendre pour tout le monde, dans une logique d’inclusion des personnes porteuses de handicaps ! Que ce soit en logement, en tourisme, en culture, en urbanisme, en mobilité, etc.
De plus, comme je l’ai déjà dit à l’occasion de Libercity tous les jeunes devraient selon moi être sensibilisés aux différentes formes de handicap, sous l’angle de « vis ma vie » car ce sont eux les futurs architectes, les futurs enseignants, les futurs urbanistes, les futurs gestionnaires institutionnels !
Depuis sa création en 2008, Le Troisième Œil sensibilise, informe et met en lumière la problématique du handicap visuel, notamment grâce aux Handi Awards qui récompensent les talents exceptionnels de personnes porteuses de handicaps. Je me suis rendu compte, lors de l’édition 2013 des handi awards, à quel point la force et le courage des personnes handicapées les pousse à « faire ce que les autres font » et que finalement, nous sommes tous, d’une manière ou d’une autre, des personnes « handicapées ».
Plus fondamentalement, le 3e œil est un Service d’Accompagnement agréé pour toute personne mal- ou non-voyante, dont la mission est d’assurer à chaque étape de vie une aide, éducative, psychologique et sociale ainsi qu’une aide technique par un soutien individualisé, d’assurer le lien entre les enfants/étudiants les écoles et les familles, de permettre aux personnes en situation de handicap de conserver ou acquérir leur autonomie par un soutien individualisé dans les actes de la vie quotidienne. Ils orientent la personne handicapée vers les services qui peuvent lui être utiles et l’accompagnent dans ses démarches, etc.
J’ai par ailleurs été souvent interpelé sur la lourdeur et la lenteur administratives. Je pense qu’il y a là réellement un enjeu important, surtout à Bruxelles où la complexité institutionnelle ne peut pas peser sur le citoyen qui est en droit d’obtenir un service répondant à ses besoins. Il n’est pas normal lorsqu’on est en situation de handicap, de devoir attendre parfois deux ans pour recevoir du matériel adapté et encore moins normal que ce matériel soit fourni sans accompagnement. Voilà pourquoi il est primordial de donner à tous ces services d’accompagnement les moyens dont ils ont besoin. Leur objectif principal étant d’offrir une meilleure qualité de vie à ces personnes.
J’ai donc eu l’occasion de constater à quel point l’asbl, qui conçoit ses actions dans la perspective d’une société plus juste et égalitaire pour tous, incarne véritablement le terme « accompagnement » et à ce titre n’hésite pas à assumer davantage que ce que son agrément exige. A travers les témoignages notamment de Maria, Hymen, Olivia, André, je réalise que des associations comme le 3e oeil sont les partenaires idéaux des citoyens. Elles permettent de former et d’accompagner, d’enseigner et de sensibiliser mais surtout d’apporter de l’Humain, de redonner confiance, d’encourager.
Ce sont aussi de formidables partenaires pour les politiques, dans l’orientation des choix à faire pour développer au maximum l’inclusion des personnes handicapées.
Chapeau !