Interview réalisée par Pascal Martin

Un arrêt bruxellois pour la Constitution ?

Vendredi, Christos Doulkeridis demandera que la ratification de la Constitution européenne ne soit pas mise à l’ordre du jour de la Cocof. Le président de la Commission communautaire française, cette institution qui se fait appeler aussi Parlement bruxellois francophone, veut sensibiliser ses pairs à la situation différente que vit l’Europe au lendemain de l’échec des référendums français et néerlandais. Ne nous pressons pas, dit Christos Doulkeridis, mettons le texte de côté. Pendant un mois, deux ou trois peut-être. Il avertit : Continuer est une chose qui n’est pas prudente et c’est un mauvais message au citoyen. Ce temps d’arrêt, l’Ecolo l’imagine consacré à des initiatives qui puissent rassembler les oui et les non de combat au traité constitutionnel, c’est-à-dire à l’exception des « fascistes ». Elles viendraient des autorités ainsi que des familles politiques. Objectif : tenter de combler le fossé qui sépare le citoyen de l’Union. Il ne faut plus perdre de temps, dit Doulkeridis. Il faut répondre aux attentes des gens. Ils veulent du social, des services publics.

Quelle chance cette démarche a-t-elle d’aboutir ? Christos Doulkeridis se dit soutenu par Ecolo. Mais que penseront les autres membres de sa majorité, socialistes et démocrates chrétiens ? Les chefs de parti réunis vendredi en bureau élargi accepteront-ils que la ratification du traité ne soit pas mise momentanément à l’ordre du jour de la Cocof ? Son président, qui reconnaît n’avoir pas tâté le terrain, se dit prêt à défendre avec détermination son point de vue. Il rappelle au passage son attachement au texte européen. Il a dit oui lors du vote en commission du parlement bruxellois. Entreprendre cette démarche vendredi n’est pas innocent. Ce jour-là, toute l’Europe a rendez-vous à Bruxelles. Les chefs d’Etat et de gouvernement de l’UE s’y réunissent en sommet. Il y sera inévitablement question de l’opportunité de continuer à ratifier un traité que beaucoup jugent mort-né.

La Belgique est au milieu du gué, a jugé lundi le secrétaire d’Etat aux Affaires européennes Didier Donfut, deux des sept parlements du pays ayant déjà ratifié. Aucun signal n’y a été donné pour arrêter la procédure. La Belgique menant son action européenne en se réclamant d’un volontarisme sans faille, la demande de report de Christos Doulkeridis pourrait être mal comprise à l’heure de la grand-messe des 16 et 17 juin.